Cela fait maintenant bientôt un an que j’ai déménagé de Paris à Nantes.

Je suis très heureux d’y être, pour plein de raisons dont les principales sont :

  • la qualité de vie
  • l’écologie appliquée
  • l’écosystème web local
  • la forte offre culturelle
  • le réseau de transports de qualité

Dans le même temps j’ai aussi été content de quitter Paris pour d’autres raisons :

  • le coût financier de la vie
  • l’incivilité et l’agressivité des parisiens
  • l’impossibilité d’y acquérir un logement
  • la mauvaise qualité de vie

Dès mon arrivée, je commençais à noter les petites choses qui faisaient pour moi une différence , en bien ou moins bien. Je vous livre cette petite liste ci-dessous. Elle vaut ce qu’elle vaut.

Pour être honnête, à mon arrivée – en période estivale – j’ai vécu pendant trois mois une certaine euphorie due à la découverte des lieux. J’ai adoré sillonner la ville en vélo dans tous les sens. Puis est venu l’hiver avec ses dimanches soirs humides et ses rues désertes. Cela n’a pas toujours fait du bien au moral mais c’était un peu pareil à Paris de toute façon.

Donc, voilà cette liste :

Les radios

Une des premières choses que j’ai faite en arrivant a été de m’acheter une petite radio portative pour avoir de la musique et la radio. Je n’avais pas encore déménagé mes enceintes et ma discothèque et cela m’a rapidement manqué. Ça coûte un bras ces petites radios, j’ai été surpris.

Bref, lorsqu’on cherche France Inter (87.8) sur la bande FM nantaise, on tombe sur Nova. Je me suis dit que c’était de bon augure.

Rapidement, j’ai ensuite découvert les radios FM locales :

qui organisent toutes deux également des événements et rencontres.

Et en demandant l’origine de la programmation musicale dans certains bars, j’ai découvert ces très bonnes web radios (donc disponibles également à Paris évidemment) en plus de celles ci-dessus :

Les crottes

Les parisiens regardent où ils marchent tellement il y en a. Les nantais marchent dedans puisqu’elles sont rares.

Les transports

A Nantes, j’ai entendu de nombreuses fois des usagers dirent « au revoir » au chauffeur en descendant du bus ?!!

Même aux heures de pointe, surtout le matin, on est presque assurés d’avoir une place assise !! Ça détend tout de suite.

Et puis les transports sont très bien foutus, nombreux et ponctuels. Il faut dire que la voirie est réellement aménagée pour les transports en commun et les vélos.

A Nantes on prend le TER (trains régionaux inter-cités) aussi facilement que le RER à Paris ; pour le même temps de transport, les destinations sont beaucoup plus intéressantes (La Rochelle, Rennes ou La Baule à la place de Rosny sous bois ou Villetaneuse).

La proximité des plages

Un matin, j’ai entendu une collègue qui disait être allée faire du surf la veille après le boulot. Pas dans une piscine à vague hein. Alors ça, ça tue !

Sinon, ben évidemment, une journée au bord de la mer quand on veut pour 5 euros et deux heures A/R, comment dire, ça change du métro parisien.

Le tutoiement plus facile

Le tutoiement semble plus facile, plus naturel et plus rapide à Nantes. Des mois plus tard, j’ai toujours la même impression. Les gens sont toujours aussi ouverts et accueillants.

Lors d’une de mes visites de repérage, avant mon installation, je me baladais dans les rues pour « sentir le vent ». Une personne à laquelle j’avais demandé un renseignement et qui venait récupérer sa voiture pour rentrer chez elle après une nuit en discothèque, m’a gentiment promené avec elle en voiture pour me montrer la ville. J’ai trouvé ça extrêmement gentil et me suis dit que cela n’aurait pas pu arriver à Paris.

Le vin naturel

Ex-aequo avec Paris. il est tout aussi bon mais largement moins cher (je me souviens des prix indécents de la cave Septime – genre 7 ou 8 euros le verre parfois). En revanche, moins de cavistes bio à Nantes ; normal puisque proportionnels à la population.

Je me fournis au vin vivant et vais régulièrement au Brocéliande. Je n’oublie pas la contre-étiquette et les amis de Rouge Bouteille.

Les salons de vins naturels sont peut-être plus accessibles et plus nombreux à Nantes et aux alentours (Clisson) qu’à Paris. Toujours une bonne ambiance (j’ai bien apprécié le salon des vins vivant au Solilab).

Les plaques des noms des rues

Moins nombreuses à Nantes qu’à Paris. C’est parfois un peu gênant pour savoir où l’on est.

Les « people »

Même s’il est possible de boire un verre avec le groupe nantais Pony Pony Run Run dans un petit bar de Nantes ou de parler avec Frédéric Lordon ou Bernard Stiegler lors de conférences au « Lieu Unique », cela n’a pas la même envergure que de manger dans un restaurant japonais à côté de Jean-luc Mélenchon (véridique) ou de Fabrice Arfi.

Je ne cours pas après ce genre de rencontre mais j’ai parfois aimé constater, lorsque je vivais dans la capitale, que certaines personnes que j’apprécie vivaient ou travaillaient dans le même environnement géographique que moi. Cela les rendait plus accessibles, plus réels.

La rencontre qui m’a le plus marqué est certainement celle avec la journaliste Jade Lingaard (spécialiste des questions écologiques à Médiapart) en marge d’une manifestation parisienne contre la Loi Renseignement et avec laquelle j’ai pu parler tranquillement pendant de longues minutes. J’ai ainsi pu bénéficier de ses vues sur l’écologie et apprécier la simplicité de la personne.

J’ai bien aimé remarquer que Dominique Cardon venait manger, comme moi, chez Mel Mich et Machin (petit restaurant du XIème). Boire des verres de vin naturel avec l’acteur et réalisateur Eric Caravaca et discuter de nos vies de célibataires lorsque nous nous croisions dans le quartier était toujours très agréable. Sans parler des nombreux amis plus ou moins connus qui travaillent dans la musique.

A Nantes, il n’est pas possible d’assister à l’émission « le masque et la plume » de France Inter, mais nous avons aussi nos « nuits debout ». Enfin, tout cela n’est pas bien grave. C’est du snobisme quand même un peu.

D’un autre côté, savoir que, statistiquement, l’on peut plus facilement être victime d’un attentat à Paris, n’a rien de réjouissant. Je repense aux attentats dans les Xème et XIème arrondissements.

Enfin, en me rendant à la FNAC forum des Halles à Paris lors de mon dernier passage, je me suis fait fouiller trois fois : deux fois en prenant les escalators d’accès au forum puis une fois à l’entrée du magasin. Je comprends mais c’est un peu relou (et inutile) comme précaution. Aucune fouille à Nantes, c’est moins tendu.

Les horaires publics

Typiquement provincial ça : ne pas pouvoir manger n’importe où le midi en dehors de 12h00-14h00, mis à part les restaurants grecs. C’est assez pénible.

Pareil, pour les magasins qui ferment relativement tôt (19h00-19h30) la plupart du temps. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de Carrefour Market ou d’épiceries arabes ouvertes mais bon…

En revanche, il y a toujours un troquet d’ouvert quelque part dans les deux villes. Mais le prix du café est le même en salle qu’au bar à Nantes uniquement.

L’offre culturelle

Alors, je ne me sens pas plus en reste à Nantes qu’à Paris. L’offre culturelle est plus institutionnelle à Paris évidemment mais comme ce n’est pas forcément tout le temps celle-ci qui m’intéresse…

L’offre culturelle nantaise est plus associative, débrouillarde, DIY , on sent plus l’à-peu-près et la fraicheur comparé au professionnalisme mais la froideur de Paris. Il se passe plein de trucs ici. Et puis les prix, toujours les différences de prix… J’aime les découvertes à prix libres ici, sur le principe c’est bon esprit.

A signaler : la communication se fait beaucoup sur flyers et affiches à Nantes. Bien sûr il y a aussi des micro-magazines équivalents au Bonbon ou feu LYLO, comme grabuge et haut-parleur, mais ces affichettes ont une vraie valeur informative, pas seulement publicitaire. Le site secret à suivre est celui du pull rouge qui donne les bons plans sorties nantais.

Enfin, les bars ont ici un rôle social important. Il y a une vraie culture du bar. A tel point que l’alcoolisme chronique n’est pas très loin.

Pas des masses de galeries en revanche. Heureusement que le musée des Beaux Arts de Nantes va bientôt ouvrir, j’ai hâte de voir ça.

Les cinéma, bien que proposant une offre en VOD (j’avais un peu peur) ne sont pas hyper nombreux. Mais comme il y en a qui proposent une programmation indépendante, ça va. A noter le cinéma le Concorde qui, dans sa salle principale, propose des sièges en cuir super super confortables, on y est comme à la maison.

Dans les salles, pas de popcorn par terre (enfin pas autant qu’à Paris), les gens sont plus respectueux du film et attendent généralement la fin du générique pour se lever et partir de la salle. A ce propos, j’ai du mal à comprendre la position qui consiste à dire « je peux mettre du popcorn par terre car cela pérennise l’emploi de la personne qui va ramasser ». WTF ?

Les cloches

Nantes est remplie d’églises. On sent la très forte histoire catholique donc. Celle-ci est encore très vivace. Il n’est pas rare dans certains quartiers, m’a-t-on dit, de croiser des hommes en robe de bure portant la cilice.

Du coup les cloches y sonnent parfois et cela fait très village, j’aime bien.

La violence

La violence parisienne est incessante et usante. Elle se loge dans les regards, dans les petites mesquineries du métro, en voiture, dans les files d’attente. C’est la promiscuité et le nombre veulent ça sans aucun doute mais cela ne la rend pas plus légitime à mes yeux. Comme le capitalisme débridé, je ne m’y habitue pas sous prétexte que c’est là et qu’il faut bien faire avec.

La violence existe à Nantes aussi évidemment, il suffit de lire les faits divers de Ouest France, mais elle est surtout physique et advient sous l’effet de la pauvreté, la bêtise ou l’alcool.

Les figures de la violence nantaise sont les punks à chien, les tessons de bouteille sur les trottoirs ou les dégradations et agressions lors de manifestations zadistes. A Paris, j’ai eu plus peur de ce que certaines personnes croisées tard la nuit pouvaient avoir dans la tête rien qu’en les regardant que de ce qu’elles faisaient effectivement. On croise parfois des gens dont la santé psychologique, la détresse, l’imagination et l’audace ne doivent vraiment pas être titillées, non, vraiment pas.

les filles baissent moins souvent les yeux et font moins souvent semblant d’écouter de la musique lorsqu’on les croise dans la rue après une certaine heure à Nantes. Elles ont moins peur et c’est une bonne chose (mais on est d’accord, il faudrait qu’elles n’aient pas peur du tout).

Allez, je m’arrête là.

Bisous.