Je suis allé au kikk festival à Namur (Belgique)  le week-end du 5-6 Novembre : deux jours de rencontres avec la crème mondiale du web design. L’occasion aussi d’aller faire un tour en Belgique.

Plusieurs possibilités de profiter du festival sur deux jours :

  1. Les conférences au théâtre de Namur (pour lesquelles la plupart des gens sont venus) ; c’est là que les stars montent sur scène et délivrent la bonne parole
  2. Les conférences intitulées « cuisine reboot »,  au palais des congrès de Namur ; sur les liens entre design, gastronomie, odeurs…
  3. Le market , sur une place de Namur : exposition de start up et présentation de leur business
  4. Les exhibitions , dans une église et au Béfroi de la ville ; exposition d’oeuvres artistiques

Je suis allé à chacune d’entre elles et vous propose un résumé de ce que j’ai vu parmi ma sélection.

Pour les conférences j’ai trouvé qu’elles se divisaient grosso modo entre celles dont les protagonistes ont été trop tentés de présenter le boulot de leur agence, avec moult présentations vidéos hyper léchées destinées aux prospects en temps normal, et au public du festival à cette occasion (Huge, Field, Superdog…) ; et les autres où la volonté était vraiment de partager une expérience et de donner des conseils pratiques en web design (Moniker, Tobias Von Schneider, Anton & Irene…).

Pour un descriptif complet des parcours des intervenants, je vous conseille vraiment de vous rendre sur le site du Kikk pour une présentation détaillée de chacun d’eux ou sur le compte Tweeter du festival. Je ne parle ci-dessous que de celles et ceux qui m’ont marqués.

Tout d’abord, le théâtre de Namur c’est ça à l’extérieur :

Et ça à l’intérieur :

Un très bel endroit donc, que la ville de Namur prêtait aux organisateurs du festival.

Commençons par :

Tobias van schneider

C’est LA star du festival. Vous avez déjà dû voir cette photo sur les murs du métro parisien :

Tobias Van Schneider

J’ai beaucoup aimé ce qu’il disait à sa conférence, résumée en cinq points (désolé pour le premier, je n’ai pas été assez rapide) :

explications 2

Explication 3

Explication 4

Il est actuellement le directeur artistique de Spotify mais il a plein de projets à côté (side projects) qui le tiennent en permanence occupé. Nous avons un peu parlé ensemble en marchant dans la rue lorsqu’il était à la recherche d’un kebab et moi de la gare ferroviaire et je l’ai trouvé très sympathique et accessible. Son site web officiel et son compte medium sont plein d’ego, d’humour, de design et d’énergie positive.

J’ai particulièrement apprécié  le concept appelé « the Artist date » qu’il préconisait à tous et qui consiste, de temps à autres, à sortir de sa zone de confort pour juste laisser les choses arriver. Exemple : courir nu dans un parc (un poil extrême) ou arriver en pays inconnu sans avoir jamais préparé quoi que ce soit ; le découvrir à partir de l’aéroport. Il pense que dans ces moments, ce sont plutôt de bonnes choses qui sont susceptibles d’arriver. Une manière de provoquer la chance en sorte. J’aime bien cette manière de penser.

Anton & Irene

portrait Anton & Irene

Portrait d’Anton & Irene

Mes deuxième chouchoux. Ca parle design et méthode UX, ça raconte comment ils ont bossé pour le directeur des tablettes Wacom, comment et pourquoi ils sont devenus indépendants. Ils ont plein d’humour et de talent. Le duo marchait super bien sur scène. Un peu dans la même veine que Tobias Van Schneider (ils se connaissent d’ailleurs).

site web d’Anton & Irene

Sissel Tolaas

Cette norvégienne vivant à Berlin travaille sur les odeurs. Elle construit des fioles enfermant les odeurs de villes, de quartier. Elle essaye de synthétiser l’odeur de la peur. A partir de molécules prélevées sur le corps de Bill Gates elle a fait un fromage car, dit-elle, les deux molécules sont très proches et se développent pareil en fermentant. Idem avec des basket portées par David Beckham.

Elle va dans tous les coins du monde et travaille avec les plus grands groupes pour communiquer à travers l’odeur.

Elle a par aussi fait l’expérience suivante : à partir de plusieurs titres de nouvelles venant de Reuters, par exemple « un avion s’écrase à Singapour », elle a défini une odeur pour chaque mot  et a crée les « parfums » correspondant pour chaque nouvelle. « Un avion s’écrase à Sydney » aura donc une odeur très proche de « un avion s’écrase à Singapour ». Elle a ensuite fait sentir les parfums à des personnes tout en leur présentant le titre de la nouvelle correspondante. L’expérience a montré que, quelques jours plus tard, en sentant à nouveau les parfums, les mêmes personnes se souvenaient des titres sans les avoir sous les yeux !

En plus de la présentation de son parcours et de ses travaux, la conférence donnée par Sissel Tolaas nous a permis de voir à quel point l’odeur était mal utilisée et peu connue par la plupart des gens et que nous n’exploitions que très peu ce sens qui pourtant est le plus primitif (même avant le lait maternel) et le plus porteur d’information selon elle.

Les spectateurs sont restés lui poser des questions à la fin et cela lui a plu. Elle est femme à fort tempérament. Moi j’avais envie de respirer l’odeur de mes voisines, juste pour garder un souvenir de ce moment. Je n’ai pas osé demander.

Moniker

Le studio Moniker explore le design sous conditions (par exemple ici ou ) et propose de chouettes vidéos comme celle que vous pouvez voir sur le site do not touch. La position de la souris des centaines d’internautes étant allés sur le site pendant une certaine période et y ayant suivi les instructions a été enregistrée. La superposition de ces centaines de positions donne la vidéo finale qui est actuellement sur le site (navigateur récent nécessaire). Très marrant parfois.

Rachel Wingfield

Arborescence par Rachel Wingfield

Installation « arborescence » par Rachel Wingfield

Chronarium - rachel Wingfield

Chronarium – rachel Wingfield

Plein de belles installations parmi les deux ci-dessus sont présentées sur le site web de Rachel Wingfield et leur concept associé a été abordé par l’artiste lors de la conférence.

Daniel Leithinger

Alors là on parle de quelqu’un qui bosse au MIT sur le futur des interactions à distance et la transformation des informations numériques en forme physique et tangible. Rien de moins que le futur de l’interface homme-machine et même de la data vizualisation. Respect. Un grand coup d’accélérateur vers le futur. Le personnage est très sympathique.

Autres conférences et expositions

Deux très jolies expositions :

où les balles s’allumaient au fur et à mesure de leurs trajectoires et donnaient l’illusion, avec l’aide d’un enregistrement sonore, d’un match au ralenti.

dans une église de la ville, une installation de petites balançoires en bois dont les mouvements sont entretenus par un moteur tirant régulièrement un fil relié à l’un des côtés.

J’ai vu les autres conférences suivantes :

  • Tim Hunkin ,  pur bricoleur anglais qui construit des salles de jeux satiriques en Angleterre depuis longtemps et plus récemment à Londres. Quand j’y retournerai j’y penserai.
  • Huge , pure agence de design, marketing inside
  • Superdog (Dogstudio + Superbe) , les organisateurs du festival. Leur agence est implantée à Namur et cela ne les empêche pas d’être choisis par le musée des sciences et de l’industrie de Chicago.
  • Lab[au]
  • Regine Debatty

J’ai loupé les suivantes :

  • Nicolas Nova ,

Nicolas Nova est co-fondateur du Near Future Laboratory, une agence de recherche implantée en Europe et en Californie, et professeur à la Haute École d’art et de design de Genève où il enseigne l’ethnographie et l’histoire des cultures numériques et la recherche en design

dont le clip avait l’air prometteur :

Mais me suis abonné à sa newsletter depuis.

  • Adrien M. et Claire B., dont la conférence était initialement prévue a été malheureusement annulée, je ne me rappelle plus pourquoi. Leur travail, présenté ci-dessous, est SUBLIME et mélange danse contemporaine et art numérique. (A voir en plein écran).

Pixel – extraits from Adrien M / Claire B

Performances / concerts

Le festival proposait également deux concerts étonnants sous forme de performances d’une heure chacune à la maison de la culture de Namur. Une centaine de personnes dans la salle et l’ambiance était bien chaude malgré la fatigue accumulée tout au long de la journée.

Concerts étonnants, originaux et denses.

Moritz Simon Geist – « glitch robot »

L’artiste reprend le concept de musique générée au sens propre par des machines qu’il a lui-même assemblées, décortiquées ou créées. Le tout est composé et diffusé via le traditionnel dispositif du dj.

La très bonne surprise a été la qualité du concert proposé, en plus du concept. De nombreuses têtes dans le public hochaient en suivant le rythme. Imaginez le mec sur scène avec ses tables de mixage, face au public dans le noir (comme à un concert quoi), et une projection des images de son installation, sur grand écran derrière lui, via des mini caméras installées au coeur de son installation.

Un rappel a eu lieu à la fin. Les gens ont adoré.

Emptyset

Alors Emptyset, comment vous dire, c’est du concentré de son injecté directement dans le cerveau par infrabasses et dispositif vidéo à la « orange mécanique ». J’aime bien la traduction faite par le kikk de leur présentation sur leur site , c’est exactement ça :

Ils créent des performances, des installations et de l’image en mouvement, le projet étudie les propriétés physiques du son grâce à l’électromagnétisme, à l’architecture et à l’image. Leur travail remet en question les supports analogiques en réfléchissant à la production structurelle / matérialiste et aux limites de la perception entre le bruit et la musique.

Ci-dessous, voici ce que donne « la limite de la perception entre le bruit et le son » dans la salle, filmé par votre serviteur. J’ai bien aimé l’expérience visuelle et auditive intense proposée par ce duo. Content aussi quand le set s’est terminé.

Bruxelles

Le train parcourant Namur-Bruxelles ayant eu du retard le dernier jour, j’ai loupé la dernière correspondance Bruxelles-Paris en Thalys et en ai profité pour aller visiter la ville, ses friteries, sa rue de la soif, son hôtel Ibis et sa magnifique grande place que j’ai donc découverte de nuit. Magnifique, c’est vraiment comme sur la photo :

Grande place de Bruxelles de nuit

Grande place de Bruxelles de nuit. (Crédit photo : https://labellebelgique.files.wordpress.com)

De manière générale, ce que je connais de la Belgique (en comptant Bruges dans un précédent voyage) m’a plu : de belles maisons, des gens très sympathiques, rapide et facile pour y aller, pas cher.

Bref, une belle virée que j’ai eu envie de partager.